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Maîtres
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Dilgo
Khyentsé Rinpoché |

À l’instar de la terre et des
autres éléments,
Puissé-je, aussi longtemps que demeure
l’espace,
Devenir le support et la subsistance
De la foule infinie des êtres
|
Au cœur même du monde bouddhiste
tibétain se trouve le lama ou maître spirituel.
Dilgo Khyentsé Rinpoché était le modèle
même du maître spirituel, un être que le
voyage intérieur avait conduit à une profondeur
de connaissance hors du commun et qui était devenu,
pour tous ceux qui l’approchaient, une fontaine d’amour,
de sagesse et de compassion.
Dilgo Khyentsé Rinpoché était l’un
des derniers de la génération des maîtres
accomplis qui reçurent une éducation et une
formation complètes au Tibet. Il est né en 1910
au Tibet oriental d’une famille dont le lignage remonte
à Trisong Detsen, le grand roi tibétain du IXè
siècle. Alors que sa mère était enceinte
de lui, il fut reconnu comme un tulkou ou incarnation par
l’illustre maître Mipham Rinpoché ( 1846-1912
). Plus tard, Shéchèn Gyeltsap ( 1871-1926 ),
un proche disciple de Jamyang Khyentsé Wangpo ( 1820-1892
), reconnut formellement le jeune Dilgo Khyentsé et
l’intronisa, à l’âge de douze ans,
comme l’incarnation de l’esprit de Jamyang Khyentsé
Wangpo. Ce dernier était l’un des plus importants
terteuns ( découvreurs de trésors spirituels
ou termas capables de révéler les enseignements
cachés par Padmasambhava pour le bien des générations
futures ) et écrivains du XIXè siècle
ainsi que la principale inspiration du mouvement Rimé
( non sectaire ).
Khyen-tsé signifie Sagesse et Amour. Les tulkous de
la lignée Khyentsé sont des incarnations de
plusieurs personnalités marquantes qui ont contribué
au développement du bouddhisme au Tibet, comme KunKyen
Longchenpa, Jigmé Lingpa et Vimalamitra. Encore
petit garçon, Rinpoché manifesta un ardent désir
de se dévouer entièrement à la vie spirituelle.
Bien que son père voulait qu’il suive ses traces,
il laissa son fils agir selon ses vœux et ses aspirations.
À l’âge de onze ans, Rinpoché entra
au monastère de Shéchèn
dans le Kham, l’un des six principaux monastères
de l’école Nyingma.
Il eut plusieurs grands maîtres dont le principal fut
Shéchèn Gyeltsap, de qui il reçut l’intégralité
des enseignements de la tradition
Nyingma. Avant que Shéchèn Gyeltsap ne meure,
Dilgo Khyentsé Rinpoché lui promit qu’il
enseignerait sans relâche à tout être qui
le lui demanderait. Il passa la plus grande partie des treize
années suivantes en retraite silencieuse. Dans les
grottes, les ermitages solitaires et les pentes abruptes de
la vallée de Denkhok qui l’avait vu naître,
il médita continuellement sur l’amour, la compassion
et le désir de mener tous les êtres à
l’Éveil et à la délivrance. |
Il
passa de nombreuses années en compagnie de Dzongsar
Khyentsé Cheukyi Lodreu ( 1896-1959 ) recevant de lui
enseignements et initiations. Lorsque Dilgo Khyentsé
Rinpoché lui confia qu’il souhaitait passer le
reste de sa vie en retraite solitaire, la réponse de
Cheukyi Lodreu fut nette : « Le moment est venu pour
toi d’enseigner et de transmettre aux autres les précieux
enseignements que tu as reçus ». Dès ce
jour, Dilgo Khyentsé Rinpoché travailla au bien
des êtres avec l’énergie infatigable qui
caractérise la lignée des Khyentsé.
À la fin des années cinquante, l’invasion
chinoise du Tibet commençait à faire rage au
Kham, Khyentsé Rinpoché et sa famille fuirent
de justesse le Tibet central laissant tout derrière
eux, y compris les précieux livres de Rinpoché
et la plupart de ses propres écrits. Des centaines
de milliers de Tibétains comme Rinpoché, sa
femme Khandro Lhamo et leurs deux jeunes filles furent forcés
de quitter leur terre natale. Ils cherchèrent exil
au Bhoutan où la famille royale les accueillit gracieusement.
À leur demande, Khyentsé Rinpoché s'y
installa comme professeur dans une école près
de Thimphou, la capitale.
Bien vite, sa réalisation intérieure attira
de nombreux disciples et, au fil des années, il devint
le maître bouddhiste le plus important du pays, révéré
par tous, du roi au plus humble fermier. Au Bhoutan, Rinpoché
donna de nombreux enseignements, effectua des cérémonies,
écrivit des traités et des textes, fit des retraites
et supervisa la préservation et la construction de
nombreux stoupas et statues. |
Rinpoché
déploya une énergie considérable à
la fondation et au soutien de temples, de collèges
et de monastères pour l’étude et la pratique
de la tradition bouddhiste. Une de ses dernières grandes
tâches fut la construction d’un nouveau monastère
de Shéchèn au Népal. Il y transplata
la riche tradition de Shéchèn dans un magnifique
monastère près du grand stoupa de Bodhnath.
Il souhaitait que l’authenticité et la pureté
des enseignements soient préservées et se continuent
tels qu’ils étaient étudiés et
pratiqués au Tibet.
Il nomma son petit-fils, Rabjam
Rinpoché, abbé du monastère et mit
un énorme soin à l’éducation des
jeunes lamas prometteurs capables d’assurer la continuité
de la tradition. Le monastère compte maintenant 300
moines qui y étudient et y pratiquent. |
En Inde, il fit construire un stoupa
à Bodhgaya et planifia d’en édifier sept
autres sur des lieux sacrés pour prévenir et
éviter les conflits, les maladies, les famines et pour
promouvoir la paix dans le monde.
Khyentsé Rinpoché était largement reconnu
comme l’un des plus grands maîtres Dzogchen de
son temps. Il a enseigné à d’importants
maîtres dont Sa Sainteté le Dalaï Lama,
Chogyam Trungpa Rinpoché ainsi qu’à d’autres
représentants éminents des quatre écoles
du bouddhisme tibétain. Même pendant ses toutes
dernières années, Rinpoché voyagea dans
l’Himalaya ainsi qu’en Occident transmettant et
expliquant les enseignements à un nombre incalculable
de personnes. Ses livres ont été traduits en
plusieurs langues et son inspiration continue d’être
fortement ressentie de nos jours. |
Une
fois confirmée la possibilité de retourner brièvement
au Tibet, Rinpoché y fit trois importantes visites.
Il inaugura la reconstruction du monastère de Shéchèn
qui avait été détruit durant la Révolution
culturelle.
Alors qu’il était au Tibet central, il demanda
au gouvernement chinois la permission de restaurer le monastère
de Samyé, insistant sur l’importance de l’héritage
culturel du site pour l’humanité. Fondé
au VIIIè siècle, Samyé fut le premier
monastère bouddhiste du Tibet. Au début des
années 1990, son temple principal avait été
restauré. |
 Où
qu’il se rendit, Khyentsé Rinpoché était
accueilli avec beaucoup de joie et d’émotion
par tous ceux qui avaient attendu sa visite pendant de nombreuses
années.Érudit, sage et poète, intructeur
des maîtres, Rinpoché ne cessa jamais d’inspirer
tous ceux qu’il rencontrait grâce à son
extraordinaire présence, sa simplicité, sa
dignité et son humour. Où qu’il fût,
Khyentsé Rinpoché se levait bien avant l’aube
et passait plusieurs heures à prier et à méditer
avant de s’engager dans un flot ininterrompu d’activités
et d’enseignements, s’adressant aussi bien à
quelques personnes qu’à plusieurs milliers
et ce, jusque tard dans la nuit. Son immense connaissance,
la chaleur de sa présence et la profondeur de sa
réalisation intérieure donnaient à
ses enseignements une qualité que l’on ne retrouvait
chez aucun autre maître.
Chacune des réalisations de Dilgo Khyentsé
Rinpoché suffirait à occuper une vie entière.
Il passa en tout vingt ans en retraite. Il écrivit
plus de vingt-cinq volumes de textes et supervisa d’innombrables
projets pour la préservation et la propagation des
enseignements et de la culture bouddhistes. Rinpoché
n’était pas seulement un grand érudit.
De toute évidence, ce qu’il considérait
comme le plus important et ce qui lui procurait le plus
de satisfaction, c’était que les enseignements
qu’il avait préservés, publiés,
mais aussi pratiqués, réalisés et transmis
soient mis en pratique par les autres. |
Il touchait profondément
les esprits et les cœurs de ceux qu'il rencontrait. Les
enseignements et l’action humanitaire de Khyentsé
Rinpoché se poursuivent aujourd’hui à
travers le travail de ses étudiants par le biais de
la Fondation Dilgo Khyentsé
Rinpoché.
Il mourut au Bhoutan, à l’âge de 81 ans,
après une brève maladie. Plus de 50 000 personnes,
dont plusieurs maîtres et disciples de partout à
travers le monde, assistèrent à sa crémation.
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Pour
plus d’information sur la vie de Dilgo Khyentsé Rinpoché,
allez à la section «
Enseignements ». |
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